En s'attaquant aux élus, Estrosi crée la polémique

Publié le par le desobeissant

Le ministre de l’Industrie veut instaurer de lourdes amendes contre les communes "laxistes face à l’insécurité". Cette proposition soulève une vague d’indignation.

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La salle de contrôle opérationnel du centre de supervision urbain de la ville de Nice.

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On n'en finira donc pas, cet été, de relire le discours de Grenoble. Le 30 juillet, dans ces six pages à la tonalité ultra-sécuritaire, le président de la République martelait certes ses propositions polémiques sur la déchéance de la nationalité française ou la responsabilité pénale des parents défaillants. Mais déjà il esquissait cette offensive contre les maires de gauche, taxés de laxisme en matière de sécurité, que lance abruptement dans le JDD son fidèle, Christian Estrosi, ministre de l’Industrie et maire de Nice. Le président de la République clamait dans l’Isère: "La vidéo protection, on en a besoin. Il n’y a pas de caméra de gauche ou de droite."

Christian Estrosi tacle à présent Martine Aubry, première secrétaire du PS et maire de Lille. Pourquoi? Parce qu’elle refuse, selon lui, les caméras dans sa ville. Au passage, le ministre réclame des sanctions contre les villes qui ne se conforment pas à leur "obligation de sécurité". Un terrain déjà balisé par Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, qui, au mois de juillet, avait fait parvenir une circulaire à tous les préfets pour leur demander d’évaluer, sur l’ensemble du territoire, "les dispositifs de prévention de la délinquance mis en œuvre par les maires dans le cadre de leurs prérogatives". Les préfets doivent rendre leur copie vers la mi-septembre. De quoi nourrir à nouveau la polémique quand les députés seront revenus à Paris.

La déclaration martiale de Christian Estrosi à l’adresse des maires marque en tout cas une nouvelle escalade dans la séquence sécuritaire, marquée successivement par les questions de nationalité, de démantèlement de camps de Roms, d’interdiction des salles de shoot. Depuis des mois, les élus les plus sarkozystes dénoncent "la naïveté et l’angélisme" supposés de la gauche, mais cette fois-ci, Martine Aubry donc mais aussi Michel Destot, le maire de Grenoble, sont désignés comme cible.

Piquée au vif, la première secrétaire du PS est intervenue en personne pour que Roger Vicot, son adjoint chargé de la sécurité et de la prévention de la délinquance, réponde dans nos colonnes. Il y dénonce "une stratégie du mensonge et du bouc émissaire". Quant à Michel Destot, il s’est fendu d’un communiqué rageur: "Il est inacceptable de laisser penser que les maires pourraient être responsables des agressions commises et de la dégradation de la situation en termes de tranquillité ou de sécurité publique."

Unanimité autour du Président

Selon le sociologue Laurent Mucchielli, le clivage qu’essaie de créer l’exécutif est artificiel: "Le facteur déterminant [en matière de sécurité] n’est pas tant la couleur politique du maire que le niveau de ressources de la commune. Les problèmes sont les mêmes pour tout le monde."

Avec cette charge, les proches du Président prennent en tout cas le risque de s’attaquer à des élus locaux, souvent très appréciés par la population. Et de fâcher une partie de la majorité. Une perspective qui n’inquiète guère Christian Estrosi: "A part de rares mauvais coucheurs, l’unanimité se fait autour de la vision du Président." Mais certains élus de droite ont pu se sentir visés. Hier, c’est Marc Laffineur, premier vice-président de l’Assemblée nationale, d’ordinaire moins frondeur, qui a émis des réserves. S’il se réjouit que "le Président et le Premier ministre mettent en avant la sécurité, première préoccupation des Français", il a regretté que "des membres du gouvernement puissent stigmatiser les élus locaux ou les maires". De son côté, Jean-Pierre Grand, député UMP villepiniste de l’Hérault, a estimé que "la politique de démembrement des camps illégaux tournait à l’ignoble", après l’expulsion de Roms, hier, à Montreuil.

Signe que le pouvoir n’entend pas renoncer à sa stratégie de la tension, un autre sarkozyste du premier cercle, le député de l’Oise Edouard Courtial détaille une proposition de loi pour "moraliser l’allocation de rentrée scolaire" .

Nouvelle polémique en vue.

Source :http://www.lejdd.fr/

 

Publié dans Politique

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