Hortefeux : démission !
Chacun se souvient de la plaisanterie du sieur Hortefeux à l’université d’été de l’UMP. Tous détendus, Copé sourire ravageur et rires peu dignes, parlant à un jeune issu de l’immigration : "Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes". Vendredi dernier notre ministre comparaissait - enfin non pas lui in personae car il avait délégué son avocat (au fait qui le paye, la république ou lui, ce baveux-là ?) - pour répondre de ses propos devant la justice.
On comprend pourquoi Sarkozy veut supprimer le juge d’instruction quand on suit ce qui se passe dans le monde judiciaire français. Après la plainte déposée par le MRAP, elle a suivi son cours se concluant par un procès au cours duquel le Procureur Adjoint de la place de Paris, tout en poursuivant le prévenu (pas encore coupable à moins que notre Juge suprême parle de lui comme de Villepin), donne sa propre interprétation des faits (Nouvel Obs) : Le procureur estime que le ministre de l’Intérieur est tombé "dans le cliché, les idées reçues" avec ses propos tenus lors de l’université d’été de l’UMP. Le procureur de la République de Paris a considéré vendredi 16 avril qu’une partie des propos de Brice Hortefeux sur les jeunes Français d’origine étrangère, tenus lors de l’université d’été de l’UMP en août 2009, pouvaient s’apparenter à une injure raciale, tout en soulignant que la responsabilité pénale du ministre ne pouvait être retenue en raison du doute sur le caractère public du propos.
Revenons un peu sur les faits. Lors de cette université d’été de l’UMP, détendu et souriant Copé et Hortefeux entourés de militants discutent à bâtons rompus de choses et d’autres dont des Auvergnats, car notre bon ministre est d’Auvergne. S’en suit la demande d’un jeune « populaire » issu de l’immigration de se faire photographier avec le ministre qui se prolonge par une série de répliques ahurissantes (lui, il parle arabe, … il boit de la bière… Il mange du cochon … c’est notre petit Arabe etc. avec force rires et claques dans le dos) que complète Hortefeux par : il ne correspond pas au prototype et par la fameuse phrase citée plus haut qui n’en est pas plus insultante mais moins insidieuse si on y regarde de plus près.
Voici donc que la justice, du moins celle du procureur adjoint, nous apprend que le ministre est tombé dans un cliché (quand il était petit comme dirait Obélix qui n’est pas Auvergnat mais Gaulois de Bretagne et qui résiste à l’envahisseur ?) mais surtout que ses propos peuvent être requalifiés passant à un simple délit non pénal car il y aurait doute sur le caractère public de ses propos : Venu requérir pour cette affaire, le procureur-adjoint, François Cordier, a rappelé en préambule que "la recherche de la vérité judiciaire est chose difficile". Le magistrat a estimé que la première partie des propos tombaient "dans le cliché, les idées reçues", voire une "certaine forme de paternalisme" mais ne tombait pas sous le coup de la loi. En revanche, la seconde, qui s’apparente au slogan ’un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts’, relève de l’injure raciale. "Il y a là des propos outrageants, méprisants", a-t-il estimé parlant d’une forme de "généralisation. On englobe tous les Arabes dans le même moule pour les stigmatiser".
Mais, souligne le procureur-adjoint, il n’est pas certain que le tribunal puisse retenir la responsabilité pénale du ministre. En effet, cette université d’été de l’UMP était-elle ouverte au public, dans quelles conditions les journalistes étaient-ils admis ? "Nous sommes dans le cadre d’une discussion à bâtons rompus, dans un groupe à caractère privé", estime-t-il avant de s’interroger sur le caractère licite de cette captation par une caméra que ne regarde jamais Brice Hortefeux.
"Il n’est pas établi que l’intéressé ait su que ses propos allaient être enregistrés", a-t-il dit, rappelant que les propos de Brice Hortefeux n’étaient pas prononcés de manière distincte et avaient dû être sous-titrés sur la vidéo.
Ce procureur adjoint ne doit pas avoir une grande habitude des universités d’été où les journalistes sont omniprésents et où les hommes politiques se plaignent quand aucune image ne passe à la grand’messe du 20 h ou si leur pensée universelle n’éclaire pas le monde au travers du rapport de leur fines petites phrases. Il se moque du monde quand il pose la question de l’ouverture de cette université au public - ce qui se fait d’évidence par le rapport des journalistes - et celle des conditions de la présence des journalistes, journalistes qui au passage servent à la propagande de l’UMP et qui en est l’outil principal depuis que Sarkozy en est le chef. Franchement il se moque de nous ce procureur adjoint. Quelques éléments de réponse à notre bon magistrat :
- on voit clairement Copé regarder l’objectif plusieurs fois ;
- il suffirait de demander à Public Sénat et à la Chaîne Parlementaire tous les rushs antérieurs afin de déterminer si à aucun moment Hortefeux ne sait qu’ils sont là ;
- les journalistes ont eu une conversation avec Hortefeux ensuite ;
- il ne s’agit pas d’un téléphone portable planqué derrière une main, mais d’une caméra de professionnel au service commun de deux chaînes publiques (et quoi de plus publiques que deux chaînes parlementaires ?) accréditées et caméra avec son caméraman qui ne doivent en aucun cas passer inaperçus ;
- regardez bien la dernière image d’Hortefeux, avec beaucoup, beaucoup d’attention et vous verrez qu’il jette un coup d’œil à la caméra. Le procureur adjoint doit porter des lunettes et les avoir ôtées à cette instant ou a eu son attention détournée par je ne sais quelle raison d’ordre supérieur.
Mais pour que vous puissiez juger par vous-même, voici cette fameuse vidéo :
Il faut étudier d’un peu plus près les propos de ce magistrat. Ce qui est assez inquiétant c’est qu’il fasse abstraction de deux éléments importants : un- on ne juge pas une généralité, un peuple mais bien un homme et deux- cet homme est un ministre, ce qui n’est pas rien. En effet d’après le Nouvel Obs ce procureur adjoint fait de cette affaire une généralité. On tombe dans le cliché comme tout un chacun. Ceci pourrait (je mets le conditionnel à toutes fins utiles) donc dire que ce serait la norme de tomber dans un cliché ou même que ce cliché n’étant que commun n’a pas d’importance par ce qu’il véhicule. Ceci voudrait donc dire que du fait que c’est un cliché, y compris si celui est faux, mensonger, diffamatoire, honteux, destructeur, il n’aurait en lui-même, stricto sensu, aucune importance du fait qu’il serait dénommé cliché. Très étrange vue de la justice. Le second point c’est qu’un ministre, de l’intérieur qui plus est, se doit d’être au-dessus de tout soupçon et que tout jugement le concernant doit être regarder avec la plus grande attention et juger de façon le plus sévère qu’il se doit s’il est coupable de la même manière que l’on punit plus un coupable pour une atteinte quelconque contre une personne portant autorité publique, plus que sur un citoyen lambda. De ce dernier principe un ministre doit être plus puni qu’un autre. Ca c’est l’équité, sinon on ne punit pas plus un délinquant qui met une claque à un flic qu’à son voisin. Et dans ce cas précis s’il y a bien un ministre qui se doit d’être irréprochable vis-à-vis du racisme, vu son ministère, c’est bien Hortefeux.
Ce qu’il faut noter et qui est révélateur c’est que ce procès ne fasse pas grand bruit. Serait-ce parce qu’Hortefeux fasse partie de cette firme du nom de laquelle se sont affublés les très proches sarkozyaques dont le ministre inculpé, le saigneur et aboyeur Lefebvre, Solly, Pierre Charon le diffuseur remercié, Louvrier communiquant (L’express : La "Firme" ? C’est le surnom de la bande des cinq grognards historiques de Nicolas Sarkozy : Pierre Charon, Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre, Franck Louvrier, le Monsieur Com’ de l’Elysée, et Laurent Solly, aujourd’hui à TF1 et retiré de la vie politique. Un quintet qu’abhorrait Cécilia Sarkozy et qu’elle avait mis à l’écart après la reformation de son couple) ?
Ce qu’il y a aussi d’étonnant et qui ne semble pas intéresser grand monde c’est que ce procureur qui, semble-t-il, cherche à minimiser les paroles et surtout leurs conséquences, du sieur Hortefeux, déclare publiquement et officiellement que les propos tenus par l’inculpé sont une injure à caractère racial (premier point) mais qu’ipso facto cela entraîne autre chose : Hortefeux aurait menti (second point). J’attends la conclusion de la justice pour ne pas le mettre au conditionnel. Car alors cela voudrait dire que son bon mot ne concerne pas les Auvergnats mais bien les Arabes.
Il n’y a qu’une conclusion à tout cela : injure raciale (publique selon moi et selon vraisemblablement les faits) + mensonge public entraînent une conclusion définitive, car un ministre de la République, laïque, une et indivisible, ne peut rester en tant que menteur prouvé et émettant des propos racistes :
Hortefeux : démission !
Source :Agoravox