Inclus exclus, la société à deux vitesses

Publié le par le desobeissant

La France actuelle est à deux vitesses. Elle n’aurait qu’une boite sociale automatique. Il y a les plus ou moins pauvres, et, les de plus en plus riches. Cette France court vite en effet, après ses vieilles lunes. Et vers sa perte ? Sa perte d’identité porte premièrement sur ces « droits de l’Homme » que l’on nous vend sans cesse en exhortation ultime d’une réalité qui ne serait plus, pour peu qu’elle exista jamais. En effet, la misère croissante atteste chaque jour de l’aspect bien relatif et théorique du pays idéal que serait le notre. Non, outre les incantations permanentes de bonne conscience de ceux à qui notre système n’est pas sans bénéficier encore (réjouissons nous qu’il en resta !), la France tombe. Souhaitons qu’elle se relève !

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L’identité de la fille aînée de l’Eglise ? Il ne faut plus en parler. Le fait religieux s’apparente désormais à un secret de famille honteux. Nous serions tous de religion laïque, comme on est au garde à vous. Du reste, les dorures et fastes de la royauté vaticane trahissent souvent le vœu Christique de pauvreté, celui du renoncement à la consommation superflue, tendant à une élévation plus essentielle. Hélas, loin de tout ascétisme choisi par vocation, la précarité la plus extrême s’étend, et la Peur gagne. Les barrières s’élèvent. L’être Humain est majoritairement rabaissé. Autant le dire, la peur est bien la seule à « gagner plus » selon un slogan fameux. Ainsi va notre jolie « démocratie » toute laïque et droit de l’Hommiste. Les élus de l’économie de marché vivraient dans leur minorité dirigeante, disjointe du bas peuple. La majorité survit, ou meurt sur nos trottoirs dans l’indifférence quasi générale. La peur. Ces mendiants d’aujourd’hui que l’on croise partout plus nombreux, ce peut être nous, demain.

Bien sûr, notre Pays laïquement inégalitaire recouvre bien des protégés. La famille France a ses favoris et ses vilains canards. Le peuple, premier vilain canard d’une caste gouvernante ? Durant les élections on lui laisserait quelque choix, que l’on fît pour lui préalablement. Il se devrait juste de départager les frères ou sœurs siamois des lambeaux résiduels de la République. La Laïque a vaincu cette dernière sans rémission et par diktat d’une confrérie. La méritocratie, la fraternité, le sens du collectif, jetés avec les orties de ce qu’il restait de la morale publique ?

La France compterait une caste des « intouchables ». Il y aurait d’abord les employés « à vie » du Service Public, une situation qui leur vaut une critique facile. Les serviteurs de l’Etat garderaient frileusement leurs avantages jalousés par tous les autres, majoritaires. D’autres ont des privilèges plus outranciers. Notre époque en crise cultive le rêve de sécurité vitale, la jeunesse est vidée de sa fougue avant l’heure. La France vieillit, aussi dans les esprits. Il faut être fonctionnaire ou célèbre en téléréalité. Histoire de calmer les trois quarts des citoyens qui n’en sont pas, fonctionnaires, il se dit qu’on en renouvelle plus que la moitié. Chacun note un transfert du national au local. Le PS aurait à nourrir ses troupes de base. L’enfant gâté serait trop habitué à ses sucreries pour renoncer à sa ration particulière. L’égoïsme d’une minorité, encore ? Le « papa » Etat aurait remplacé celui du bercail familial, ou le père éternel, puisqu’il faut être athée pour être moderne. La classe moyenne de la fonction publique payerai la mauvaise réputation parfois justifiée de ses plus hautes strates.

Avec la complicité du Pouvoir submergé de hauts et petits « serviteurs » officiels ou officieux, nous serions ainsi invités à ne pas toucher à un seul de leurs cheveux dorés. Sinon, ils descendent dans la rue avec leur syndicat maison. Il n’y en a quasiment pas d’autres, syndicats. La contestation, même feinte ou molle, est une chasse réservée comme les beaux quartiers. Le Pouvoir serait content, la vraie révolte n’aura pas lieu. Un cirque syndical comptant trop peu d’adhérents et jouant à la contestation en lieu et place de la vraie révolte ? Il serait régulièrement chargé de la singer pour l’étouffer ? Seule la nouvelle petite bourgeoisie surprotégée garderait le droit de manifestation. Les intouchables protègeraient finalement les Autorités qu’ils feignent de critiquer. Chaque fois l’Etat se montrera reconnaissant. Quelques réunions tripartites déboucheront toujours sur des « accords ».

Des syndicats exorcisant et encadrant toute éventuelle rébellion ? Les mauvaises langues l’affirment. Notre « démocratie » sera annoncée comme « apaisée » au Journal du soir. Les mendiants n’y apparaissent jamais, ou presque. Il y aurait des employés à vie, et des morts vivants sociaux. On ne sait plus bien pourquoi, mais cela ne devrait pas changer. Nos amis fonctionnaires seraient devenus conservateurs et joueraient les progressistes solidaires en feignant de réclamer parfois pour les autres les mêmes privilèges (un emploi garanti à vie ce n’est pas rien !). Ils alimenteraient largement le camp auquel on a attribué le « rôle » de l’opposition. Notre « démocratie » s’affiche en binôme interdisant toute émergence de courants susceptibles de la menacer.

La boite est automatiquement à deux vitesses, riches ou pauvres. Majorité et opposition constitueraient les deux mamelles d’une même vache à lait ne nourrissant que quelques uns, minoritaires. Que leur importe si elle alimente de moins en moins de citoyens. Les enfants gâtés de la république (vidée de toute méritocratie) auraient leurs caprices, même en temps de crise. Reste que dans le Service Public comme ailleurs les petits salaires sont néanmoins majoritaires. Les pauvres y seront bientôt pareillement garantis « à vie ». Il est donc injuste de les marquer en premier lieu sur l’échelle des privilégiés supposés de notre société.

Il y a bien entendu bien d’autres protégés de la « réseaucratie » pseudo « républicaine ». La logique du système serait simple. Elle protégerait proportionnellement à l’élévation dans la hiérarchie salariale ou autre. La notion même de moralité y deviendrait passéiste. La dette frauduleuse de Chirac sera donc recouverte par l’UMPS. Pour une fois, le parti unique s’afficherait au grand jour, continuant néanmoins de nous jouer son théâtre de la démocratie, histoire de se partager les recettes en alternance. Un avis manquant de nuance ? Ceux qui oseront un tant soit peu le souligner furent longtemps Lepénistes et sont désormais de vilains populistes. La Monarchie n’est théoriquement plus. Une famille princière demeure malgré tout, avec ses petits rois et roitelets, sa Cour. La petite bourgeoisie d’aujourd’hui n’aurait fait que remplacer la grande d’hier. La petite se montrerait plus « petite » encore que la grande d’antan. La nuit du 4 Août tombée au pied de ce que l’Homme a de plus cynique ?

La république et la démocratie reposaient en théorie sur le pouvoir du peuple. Ce dernier ne cesse de voir sa pauvreté ou inconfort de vie majoritairement accrus. Il aurait seulement à départager électoralement les membres d’une caste unique régnante.

Le pouvoir appartiendrait à une minorité réglant ses « affaires » en son sein. De saints il n’y en aurait plus. Les héros gagnent toujours plus, qu’importe l’âme. Les vilaines langues dénoncent une certaine « laïcratie », qui juge et répartit, attribue selon ses seuls critères. Son Cercle est très fermé. Telles seraient les futures « démocraties » et « républiques » du Siècle. Les roses y sont en croix et très piquantes. Il y a les méchants (les pauvres, les étrangers, les étranges, les chômeurs pas foutus de s’inventer un emploi, les Roms ou gitans français, les « cathos » qui se méfient trop des cathodiques, les intermittents, les français de souche ni mondialistes ni européistes, les jeunes toujours à surveiller...). Il y a les gentils (ils auraient leurs médias, leurs tribunes, leurs appartements ou premières loges, leurs banques, leur paradis fiscaux). Il y a en tout cas ceux qui « gagnent plus », toujours plus minoritaires. Leurs « valeurs » ne seraient que boursières. Les citoyens ne s’aiment plus. L’Autre deviendrait seulement un rival potentiel, un empêcheur potentiel de s’enrichir plus. Il y a les inclus. Il y a les exclus.

Dans l’Absolu, il n’est pas exclu que les premiers soient un jour les derniers. Mais cela est une autre Affaire. La « Laïcratie » montrée du doigt, obligatoire et démocrateusement athée, n’en aurait que faire.

 

Guillaume Boucard

Source :Agoravox

Publié dans societe

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