La fin programmée de la démocratie 2/2

Publié le par le desobeissant

La vraie réalité de l'argent

L'argent est aujourd'hui essentiellement virtuel. Il a pour réalité une suite de 0 et de 1 dans les ordinateurs des banques. La majeure partie du commerce mondial a lieu sans monnaie-papier, et seulement 10% des transactions financières quotidiennes correspondent à des échanges économiques dans le "monde réel".

Les marchés financiers eux-mêmes constituent un système de création d'argent virtuel, de profit non-basé sur une création de richesses réelles. Grâce au jeu des marchés financiers (qui permet de transformer en bénéfices les oscillations des cours), les investisseurs avisés peuvent être déclarés plus riches, par une simple circulation d'électrons dans des ordinateurs. Cette création d'argent sans création de richesses économiques correspondantes est la définition même de la création artificielle de monnaie. Ce que la loi interdit aux faux-monnayeurs, et ce que l'orthodoxie économique libérale interdit aux états, est donc possible et légal pour un nombre restreint de bénéficiaires.

Si l'on veut comprendre ce qu'est réellement l'argent et ce à quoi il sert, il suffit d'inverser le vieil adage "le temps c'est de l'argent".

L'argent, c'est du temps.

L'argent est ce qui permet d'acheter le temps des autres, le temps qui a été nécessaire à produire les produits ou les services que l'on consomme.

L'argent, le temps, et les esclaves

Techniquement, l'argent est une unité de calcul intermédiaire pour échanger du temps contre du temps, sans que le temps des uns et des autres puisse être comparé directement. Car chaque conversion entre l'argent et le temps se fait sur la base d'une estimation subjective, qui varie selon le rapport de force économique et informationnel entre l'acheteur et le vendeur.

Dans la pratique, ce rapport de force est toujours défavorable au consommateur-salarié.

Lorsqu'un individu moyen achète un produit, il paye le temps qui a été nécéssaire pour fabriquer ce produit à un prix bien plus élevé que le salaire qui lui est payé pour une fraction équivalente de son propre temps.

Par exemple, chez les grands constructeurs automobiles, une voiture est produite en une journée de travail (soit en 8 heures) par 20 salariés (y compris le travail des commerciaux et le travail inclus dans les fournitures et les équipements de production utilisés). Le salaire journalier de chaque salarié devrait donc être égal à 1/20è du prix de la voiture, soit 1000 euros si la voiture vaut 20.000 euros. Ce qui fait un salaire mensuel théorique de 22.000 euros (sur la base de 22 jours travaillés par mois). Pour la plupart des salariés, on est très loin du compte.

Lorsqu'un salarié occidental donne 10 heures de son temps, il reçoit seulement l'équivalent d'une heure. Pour un salarié du Tiers Monde, le rapport tombe à 1000 heures contre une.

Ce système est la version moderne de l'esclavage.

Les bénéficiaires du temps volé aux salariés sont les entreprises et leurs dirigeants (dont le salaire est plus de 100 fois celui d'un employé ordinaire), mais aussi les états dès lors que l'argent prélevé par les impôts et les taxes n'est pas utilisé dans le sens de l'intérêt général.

Pollution-1--copie-1.jpgLe point de non-retour écologique va être franchi

Il est évident que nous commençons à nous heurter aux limites écologiques de l'activité économique.

Un système économique libéral, dont le but est la recherche du profit à court-terme pour des intérêts particuliers, ne peut prendre en compte les coûts à long-terme tels que la dégradation de l'environnement.

 

Les modèles économiques actuels sont également inaptes à estimer à sa juste valeur la "production" de la nature, indispensable à notre survie: production d'oxygène, fixation du gaz carbonique par les forêts et les océans, régulation de la température, protection contre les rayonnements solaires, recyclage chimique, répartition des pluies, production d'eau potable, production d'aliments, etc.

Si nos modèles économiques intégraient le coût réel de la destruction de la nature, de la pollution, des modifications climatiques, cela changerait radicalement notre estimation de ce qui est "rentable" et de ce qui ne l'est pas.

La production de la nature a été évaluée à 55.000 milliards de dollars par an par un groupe de scientifiques de l'Institute for Ecological Economics de l'Université du Maryland en 1997.

 

La destruction de la nature est voulue



La disparition de la nature est inévitable, car elle est voulue par le nouveau pouvoir économique. Pourquoi?

Pour 3 raisons:

 

Ø1. La disparition de la nature et l'augmentation de la pollution vont rendre les individus encore plus dépendants du système économique pour leur survie, et vont permettre de générer de nouveaux profits (avec notamment une consommation accrue de médicaments et de prestations médicales...).

Ø2. Par ailleurs, la nature constitue une référence d'un autre ordre, celui de l'univers. La contemplation de la beauté et de la perfection de cet ordre est subversive: elle amène l'individu à rejeter la laideur des environnements urbanisés, et à douter de l'ordre social qui doit demeurer la seule référence.
L'urbanisation de l'environnement permet de placer les populations dans un espace totalement contrôlé, surveillé, et où l'individu est totalement immergé dans une projection de l'ordre social.

Ø3. Enfin, la contemplation de la nature incite au rêve et intensifie la vie intérieure des individus, développant leur sensibilité propre, et donc leur libre-arbitre.
Ils cessent dès lors d'être fascinés par les marchandises, ils se détournent des programmes télévisés destinés à les abrutir et à contrôler leur esprit. Délivrés de leurs chaînes, ils commencent à imaginer une autre société possible, fondée sur d'autres valeurs que le profit et l'argent.

Tout ce qui peut amener les individus à penser et à vivre par eux-mêmes est potentiellement subversif. Le plus grand danger pour l'ordre social est la spiritualité car elle amène l'individu à bouleverser son système de valeurs et donc son comportement, au détriment des valeurs et comportements précédemment implantés par le conditionnement social.

Pour la stabilité du "nouvel ordre social", tout ce qui peut stimuler l'éveil spirituel doit être éliminé.

Les alternatives de la dernière chance

Pour ne pas être définitivement exclus du jeu, les contre-pouvoirs au pouvoir économique (syndicats, associations de consommateurs, mouvements écologistes) doivent répondre en se plaçant sur le même niveau d'organisation, au niveau mondial et non plus national, en unifiant et en synchronisant leurs actions, à l'échelle de groupes d'états pesant un poids suffisant dans les flux économiques mondiaux.

Il leur reste peu de temps pour réagir, car tous les moyens de contrôle nécessaires à une future dictature mondiale sont désormais en place

2000 ans d'histoire

Durant ces deux derniers millénaires, la civilisation sera passée par quatre ères successives marquant quatre formes de pouvoir politique:

Ø1 L'ère des tribus

 Pouvoir exercé selon la force (et plus rarement selon la sagesse ou la connaissance).
Comme chez les groupes d'animaux, le pouvoir revient au "mâle dominant".
Ø
2 L'ère des empires et des royaumes

 Pouvoir héréditaire. Naissance de la notion d'état.
Ø
3 L'ère des états-nations

Ere ouverte par la monarchie parlementaire en Grande-Bretagne en 1689, par la révolution française en 1789, et par la fondation des Etats-Unis.

Dans un état-nation, le pouvoir n'est plus héréditaire mais exercé par des dirigeants censés représenter le peuple, et désignés par des élections (état-nation démocratique), ou par un système de cooptation au sein d'un parti unique (état-nation totalitaire).
Ø
4 L'ère des conglomérats économiques

Ere initiée à partir de 1954, mise en place au cours des années 70 et 80, et pleinement opérationnelle à partir des années 90.

Le pouvoir n'y est plus de type représentatif ou électif, et il n'est plus localisé géographiquement (contrairement aux tribus, aux royaumes, et aux états-nations).

Il est exercé directement par ceux qui contrôlent le système financier et la production des marchandises. Les instruments de ce pouvoir sont le contrôle de la technologie, de l'énergie, de la monnaie, et de l'information.

Comme tout nouveau pouvoir, il s'érige en remplacement du pouvoir précédent, voué à disparaître.

Enfin, ce nouveau pouvoir est global, planétaire. Il n'a donc ni alternative, ni échappatoire. Il constitue un nouveau niveau d'organisation de la civilisation, une sorte de super-organisme.

 La résolution des grands problèmes écologiques économiques et sociaux nécessite effectivement l'avènement d'une forme de pouvoir global. De même, l'unification du monde par l'économie et le déclin des états-nations ont été décidés en partie pour une noble cause: rendre impossible une nouvelle guerre mondiale qui, à l'ère atomique, signifierait la fin de la civilisation.

Mais la question est de savoir au service de quels objectifs et de quels intérêts ce pouvoir global doit-il être, par qui doit-il être exercé, et par quels contre-pouvoirs doit-il être contrôlé et équilibré.

La mondialisation (ou "globalisation") n'est pas négative en elle-même. Potentiellement, elle peut permettre l'établissement d'une paix mondiale durable et une meilleure gestion des ressources. Mais si elle continue d'être organisée au bénéfice d'une élite et si elle conserve son orientation néo-libérale actuelle, elle ne tardera pas à engendrer un nouveau type de totalitarisme, la marchandisation intégrale des êtres vivants, la destruction totale de la nature, et des formes inédites d'esclavage.

 

Sylvain Timsit

 

 

Source :http://www.syti.net/



Publié dans societe

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