« Sarkozy plébiscité par les Français » sur la sécurité...

Publié le par le desobeissant

Soit il est un excellent bonimenteur ou bien c’est nous, Français, qui sommes décidément des veaux !

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Pour filer la métaphore, la France serait-elle à la fois une étable et une basse cour où brebis galeuses et vaches étiques sont triées et envoyées à l’abattoir ? Sarkozy en étant à la fois le taureau dominateur et le coq bravache ? Un peu de sérieux : le sondage publié par IFOP le 6 août a de quoi surprendre. On en rirait si la manipulation n’était si grosse et révélatrice de l’état de délabrement de notre démocratie. Ces sondeurs de cour claironnent partout que les mesures sécuritaires de Sarkozy et de la droite ont l’assentiment des Français, de gauche comme de droite ! M. Sarkozy serait ainsi en phase avec l’opinion sur ses mesures xénophobes, racialistes, anticonstitutionnelles, visant les gens du voyage, les criminels « d’origine étrangère », les exciseuses et les polygames présumés ? Bref, sur des lois spéciales anti tous ceux qui ne sont pas du « corps français traditionnel », dirait G. Longuet.

Questions : L’été est-il une période propice à des sondages sérieux ? Ensuite, les gens qui ne sont pas partis en vacances sont-ils représentatifs des Français ? Ne sont-ils pas plutôt représentatifs de la frange frustrée ou abandonnée de nos concitoyens ?

Je ne nie pas la réalité des insécurités (celles économiques et sociales notamment !) ni le sentiment d’insécurité chez nos compatriotes. Que l’opinion désire vivre dans la tranquillité est chose naturelle. Mais qu’elle voit, en la matière, M. Sarkozy comme l’homme de la situation et le rédempteur est une mauvaise plaisanterie. Quand on scrute son bilan sur cette question, on s’aperçoit bien de la grossièreté de la manipulation. Les questions choisies induisaient le plébiscite. Mme Parisot et M. Mougeotte ne font là que renvoyer l’ascenseur à M. Sarkozy pour services rendus depuis son élection. 

L’histoire gouvernementale récente montre que depuis 1988, au moins, hormis l’intermède Jospin, c’est la droite qui a eu l’écrasante part de responsabilité de la gestion du pays et de sa sécurité. Et durant ce laps de temps, M. Sarkozy a été souvent « premier flic de France ». Mieux, depuis son arrivée à l’Élysée, c’est lui qui décide de tout et qui exerce tous les pouvoirs, faisant fi de la séparation des pouvoirs chère à Montesquieu. On entend pourtant M. Sarkozy pérorer depuis des années : « vous allez voir ce que vous allez voir ». Il a promis n fois la tolérance zéro sur la délinquance, les trafics en banlieue et sur l’immigration. Il disait, en 2007, vouloir nettoyer les banlieues de ses racailles au Karcher. Trois ans après, c’est toujours le statuquo. Il a même repris ces temps-ci la rhétorique pasqualienne des années 80 « terrorisons les terroristes ».

 Si l’insécurité demeure aussi préoccupante après trois ans de Présidence Sarkozy, dix années passées au ministère de l’Intérieur, on peut donc s’interroger sur l’efficacité réelle du personnage. Il devrait même avoir honte d’évoquer ces questions après tant de promesses non tenues. En matière de sécurité M. Sarkozy ressemble à tous ces caïds de cour de récréation, dans nos écoles, fort en gueules mais incapables de se battre pour de vrai quand la baston se fait jour. 

Une autre question pertinente que les sondeurs auraient dû poser à leur panel, c’est de savoir, vu le décalage entre ses discours sécuritaires depuis ces années et l’inexistence de résultats tangibles, si M. Sarkozy n’a tout simplement pas intérêt à ce que l’insécurité perdure pour pouvoir en jouer électoralement ? N’est-ce pas ce qui expliquerait qu’il fanfaronne sans agir ? Ne serait-il pas un cynique bernant les Français depuis des années sur cette question ? On aurait pu aussi demander aux sondés : pourquoi, malgré ce constat consternant sur l’action de M. Sarkozy sur l’insécurité, continuent-ils à soutenir un incapable et/ou un cynique ? 

Les sondeurs agissent d’ailleurs comme certains journalistes interrogeant des politiques : ils agissent dans l’oubli complet du passé et de l’actualité des interviewés. Ce serait parfois intéressant de rapprocher les questions du moment et leurs actes et paroles passés. Ainsi, lorsqu’on a posé la question aux gens de savoir s’ils soutenaient la traque aux pauvres fraudeurs à la sécu et aux « allocs », on aurait pu en profiter pour leur demander s’ils appréciaient autant la clémence du même pouvoir, de sa police et de sa justice vis-à-vis des riches et puissants amis du régime, à l’égard des ministres indélicats : Betancourt, Blanc, Joyandet, Estrosi, Woerth… ? Quand des journalistes, tel le directeur de Libération, sont amenés à la police en pyjama, des politiques, comme Chirac et De Villepin, interrogés chez la juge ou gardés à vue dans les locaux de la police, pendant des heures, n’en parlons pas des simples citoyens malmenés ou battus parfois par la police pour de simples larcins, n’y a-t-il pas deux poids deux mesures quand Madame Bettencourt et M. Woerth, eux, sont interrogés à demeure ? Les sondés sont-ils en phase avec le Président lorsqu’il est si dur et intraitable avec les pauvres et les faibles mais doux et compréhensif avec les puissants et les riches ?

Enfin, on aurait pu demander aux sondés pourquoi aussi pauvres et faibles qu’ils sont, ils soutiennent ce cynique qui n’a de cesse d’engraisser les riches depuis qu’il est à l’Élysée, tout en plumant chaque jour les pauvres et la classe moyenne.

 Cela se comprend aisément, il est vrai. C’est une constante, en effet, de l’histoire que les victimes épousent les causes ou défendent les intérêts de classe de leurs bourreaux. Les rois de France vivaient dans l’opulence la plus insolente à Versailles, au milieu de courtisans tout acquis à leur cause, alors que leurs sujets croupissaient dans la misère. Certains esclaves noirs du XVe au XVIIIe siècle se sentaient malades quand leurs maîtres étaient souffrants. De même, à l’époque de la Révolution industrielle et du premier essor du capitalisme, des prolétaires, bien que victimes de l’exploitation de l’homme par l’homme, se sentaient parfois appartenir au destin et à la classe sociale de leur exploiteurs. 

Aussi, Karl Marx avait-il raison de dire que pour une classe sociale, le prolétariat donc, il ne suffit point de souffrir de l’exploitation ou du capitalisme, pour se révolter. Pour se révolter il faut prendre conscience de sa souffrance.

Par conséquent, tant que nous, Français, resterons des veaux et des vaches à lait consentants du régime, il n’est pas exclu que nous reconduisions ce maître cynique et sa cour, à l’Élysée, en 2012.

 Alors, ce qui devra arriver arrivera, peut-être. Nul n’est prophète en son pays, mais je me risque une prédiction sur la composition du gouvernement cynique remanié d’octobre prochain, propre à nous ulcérer encore plus : E. Woerth, de nouveau ministre du budget, B. Hortefeux, condamné pour racisme, premier ministre, F. Lefèvre, mercenaire de la parole à l’UMP, ministre de la communication, P. Balkany, multi condamné, ami et conseiller de l’ombre du Président, ministre de l’intérieur, E. Zemmour, néo-théoricien de l’inégalité des races, ministre de la culture, A. Santini au grand Paris, pour laisser son siège de député au dauphin Jean…

N’est-ce pas la voie royale vers la Révolution ou à la révolte ? C’est en effet, après un cynisme exacerbé des derniers rois de France, dont la vie de débauche, le faste insultant et la courtisanerie de Versailles sont des exemples emblématiques, que la France a été conduite à décapiter son dernier roi de droit divin.

M. Sarkozy ne risque, au pire, pour avoir trahi et l’esprit et la lettre de notre Constitution, qu’on lui applique ses propres lois antirépublicaines, à savoir d’être renvoyé, en Hongrie, le pays d’origine de son père. Trahir la constitution étant de mon point de vue un crime bien plus grave que de frauder aux allocations familiales, que d’inciter au port de la burqa, à la polygamie ou à l’excision, voire même de tirer sur les forces de l’ordre. 

Les membres de son régime, eux, seraient condamnés à l’exil pour complicité de haute trahison. En effet, le complément logique de la loi de déchéance de nationalité pour les Français d’origine étrangère (non blanc ?) ne serait-ce pas une loi d’exil pour les criminels français de « souche » ?

 Le gros problème prévisible, c’est que la Hongrie ne veuille pas accueillir M. Sarkozy, un étranger, et qu’aucun pays ne souhaite accueillir les apatrides encombrants de son régime. Il faudrait sûrement rétablir la guillotine, provisoirement si la Révolution était d’obédience progressiste, pour de bon si la révolte était, a contrario, au bénéfice de la frange réactionnaire de notre nation.

C’est parce que cette situation prérévolutionnaire que percevait déjà, il y a un an, D. De Villepin, est grosse d’incertitudes qu’il nous faut réfléchir avant de jeter notre bulletin, dans l’urne, en 2012. Surtout, qu’il apparaît que si le deuxième tour du scrutin opposait la gauche et le FN, une bonne partie de la droite UMP n’hésiterait pas à rallier l’extrême droite.  

 Tao David

Source :Agoravox 

Publié dans France

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