A quoi sert le secrétaire d’Etat au logement ?

Publié le par le desobeissant

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Comme chaque année, au moment de la reprise des expulsions locatives, les associations montent au créneau pour dénoncer le gâchis et demandent un moratoire avec dédommagement des propriétaires, tant qu’il n’y a pas de solution de relogement pour les expulsables.

Ce n’est pas dans les intentions du gouvernement qui, en quelque sorte, au-delà d’une approche dogmatique du dossier, protège tout un secteur économique qui s’est créé et prospère sur la misère des mal logés.

Que fait le gouvernement ?

Depuis des années, les différents gouvernements ont opté pour l’investissement privé pour accroitre le parc locatif et régler le problème du logement.

Ils ont toujours refusé, en cas d’expulsion, de se substituer au locataire défaillant, c’est-à-dire de payer au propriétaire les loyers dus et optent pour un relogement précaire en centre d’hébergement ou dans les hôtels, désocialisant ainsi un peu plus les personnes en difficulté.

Pourquoi l’Etat refuse-t-il de se substituer au locataire défaillant ? M. APPARU, secrétaire d’Etat au logement nous indique que c’est pour ne pas créer un « effet d’aubaine » auprès des mauvais payeurs : c’est bien connu, les mal logés sont des profiteurs.

Le Parlement a voté la loi du Droit au Logement Opposable qui oblige l’Etat à trouver des solutions de relogement. Seuls 30% des recours déposés au titre du D.A.L.O. ont fait l’objet d’une décision favorable, ce qui ne veut pas dire que des solutions concrètes aient été trouvées. Beaucoup de bruit pour rien, donc et comme d’habitude un texte d’affichage destiné à promouvoir l’action gouvernementale sans moyens de mise en œuvre.

Ajoutez à cela un autre scandale, celui des logements ou des immeubles de bureaux inoccupés que les bailleurs refusent de louer et que le gouvernement refuse de réquisitionner, et vous aurez une idée de la politique menée.

Les investisseurs publics ne sont pour autant pas absents, mais peinent à répondre à la demande du fait de la baisse de leurs ressources. Cela nous donne des délais scandaleux pour l’obtention d’un H.L.M. dans la plupart des grandes villes.

Une économie parallèle bâtie autour de la misère

La trêve s’achevant lundi, les affaires vont bientôt reprendre pour les huissiers, serruriers, déménageurs, garde meubles, ainsi que pour les forces de l’ordre chargées de protéger tout ce petit monde dont l’activité connaît une embellie en raison de la crise et des difficultés croissantes rencontrées par les locataires.

L’inefficacité de la loi D.A.L.O. et les relogements d’urgence font le bonheur des marchands de sommeil et des hôteliers compte tenu des prix exorbitants demandés pour des chambres sans confort et à la limite de l’insalubrité où les expulsés s’entassent. 

L’investissement privé est favorisé par la mise en œuvre de niches fiscales. L’Etat accepte donc de s’appauvrir, d’augmenter la dette publique, de réduire sa capacité d’intervention et favorise l’investissement privé, sans contrôle, parfois dans des secteurs géographiques où la demande locative n’existe pas, mettant ainsi dans la difficulté les gogos aveuglés par les belles promesses de promoteurs sans scrupules.

Ce système fait enfin le bonheur des fameux investisseurs privés dont le parc locatif déjà amorti plusieurs fois et vieillissant, se loue à des prix scandaleux.

Tout cela constitue en quelque sorte une gamme de produits dérivés d’un système où le laisser faire règne en maître en l’absence d’une réelle volonté des pouvoirs publics de régler le problème, de peur, par ailleurs, d’avoir à indemniser toutes ces professions qui font leur beurre sur le malheur des autres.

Au final, à quoi sert M. APPARU, simple protecteur des intérêts privés, sinon à brasser du vent, à vanter une non-politique gouvernementale, à dénigrer les mal logés et à essayer de maintenir en l’état un édifice qui se lézarde chaque jour un peu plus ?

Source :http://www.agoravox.fr


Publié dans France

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